De la stagflation à la « slowflation ». Enjeux et perspectives.
La remontée de l’inflation alimente les craintes d’un retour à un épisode de stagflation correspondant à une stagnation économique couplée à une inflation à deux chiffres comme dans les années 1970. On verra que cette peur relève largement du fantasme. En cause, la diminution dans la plupart des grands pays de l’OCDE (mais pas en Belgique) de la protection collective des salaires contre l’inflation. En effet, l’élimination de l’indexation automatique des salaires empêche l’autoalimentation de l’inflation puisque les augmentations de prix ne se traduisent pas par des augmentations des salaires, lesquelles suscitent, dans un effet de second tour, une remontée des prix des marchandises. Ce constat amène les observateurs anglo-saxons à évoquer un scénario de « slowflation » combinant une croissance molle et une inflation supérieure au taux de croissance mais inférieure à 10%, un taux appréhendé comme toxique par les économistes depuis les années 1970. Ce scénario est celui sur lequel mise de fait les banques centrales avec l’actuelle politique de resserrement monétaire et de remontée des taux mais il se pourrait bien que ces choix débouchent sur une récession. Le modèle néolibéral pourrait alors faire l’objet de vives contestations.