Bilan socioéconomique des sanctions contre la Russie
La Russie a envahi l’Ukraine. Cette nouvelle ne constituera un scoop que pour le lecteur qui aurait hiberné au cours des deux derniers mois. Depuis, l’économie russe est soumise à des sanctions occidentales. Ce travail visera, dans un premier temps, à évaluer leur impact. Nous verrons que si les rétorsions de l’Occident contre Moscou sont effectivement très dures, elles ne s’avèrent pas de nature à conduire à un effondrement rapide de l’économie russe. Cette dernière dispose d’atouts lui permettant de miser sur une certaine forme de résilience qui ne constitue pour autant pas une forme de toute-puissance susceptible d’envisager un retrait dans l’autarcie. A ce propos, la position du pays comme deuxième exportateur de matières premières dans le monde tranche singulièrement avec le caractère radicalement autocentré (« le socialisme dans un seul pays ») de l’expérience soviétique. Une fois ce constat posé, on discutera de la possibilité très concrète d’un effet boomerang des sanctions pour les économies d’Europe occidentale. Là encore, un vigoureux effort de discernement s’avère absolument nécessaire. Certaines manifestations de la crise ukrainienne, qu’il s’agisse de l’augmentation des prix du gaz, du pétrole ou du blé, constituent indéniablement une exacerbation d’une régulation de l’économie ayant jusqu’ici fait excessivement reposer ses modalités opératoires fondamentales sur le libre jeu des forces de marché (ainsi, notamment, la libéralisation de l’énergie en Europe).