Défendre le droit de grève
Bertrand Henne fait partie de ces hommes qui, un jour, ont sauvé, à eux seuls, l’honneur d’une profession. Au micro de La Première ce 24 novembre 2020, il a qualifié le jugement prononcé à l’encontre de Thierry Bodson et de nos camarades d' »entrave méchante au droit de grève ». Ecoutons Bertrand Henne : « Cela concerne toutes les manifestations qui sortent du cadre, celles qui sont non autorisées, et ou la circulation se retrouve fortement perturbée. Se mettre « en travers de la route » semble être un modus operandi obligé. Cela brasse large, pensons aux gilets jaunes sur leurs ronds points, aux militants écologistes qui s’enchaînent en pleine rue, aux agriculteurs et leurs tracteurs qui bloque la moitié d’une ville, aux collégiens en colère qui investissent un carrefour. La voie publique est le lieu d’expression naturel des mobilisations sociales. La perturbation de la circulation est évidemment le but recherché. Bloquer un chemin de remembrement ou un terrain vague ou personne ne vous voit et ne vous entend n’a aucun intérêt, on ne se met en travers de la route de personne. Pour faire irruption dans la tranquillité de la société, pour exister, les mouvements sociaux ont littéralement besoin parfois de « faire entrave ». Déranger, perturber la circulation pour « faire entrave » à des menaces jugées suffisamment grandes, des injustices jugées suffisamment profondes pour passer à l’action. Si « faire entrave » est désormais de plus en plus considéré comme « méchant », c’est-à-dire comme ayant comme objectif de nuire dangereusement à autrui, alors les mouvements sociaux ne pourront plus s’exprimer que dans le cadre des manifestations autorisées, sauf à risquer la prison. Ils n’entraveront plus la circulation mais risquent alors de ne plus faire entrave à rien du tout, ni aux gouvernants, ni aux puissants, ni à n’importe quelle autorité jugée injuste ». Lire