Eliminer la pauvreté ou rassurer les marchés? Il faut choisir!
Un peu plus d’un an après l’année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, où en sommes-nous ? Cette année 2010 devait être l’aboutissement de la « stratégie de Lisbonne 2000-2010 » dont l’ambitieux objectif entendait « donner un élan décisif à l’élimination de la pauvreté en Europe ». Si, de fait, cette année-là fut riche en colloques, publications et initiatives diverses, force est de constater qu’il y avait loin de la coupe aux lèvres et que l’élan annoncé s’est mué en un krach lamentable.
Sans doute les crises économique, bancaire, de la dette… sont-elles passées par là ; offrant, s’il le fallait, un formidable prétexte pour redéfinir les priorités. Et en effet, alors que des pays comme la Grèce, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal… s’enfoncent dans un endettement les menant au bord de la faillite (le cas le plus criant étant celui de la Grèce), la priorité pour nos dirigeants européens et nationaux a été de « rassurer les marchés ». Et pour cela, s’attaquer irrémédiablement à ce qui constituait autant de matelas de protection contre l’extrême pauvreté : les services publics, la sécurité sociale, les salaires…
Les feux de cette année 2010 à peine éteints, la Commission européenne, suivant en cela une décision de la Cour européenne de Justice, décidait de réduire drastiquement de 75 % son aide au programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD), programme permettant d’apporter une aide alimentaire à quelque 18 millions de personnes en Europe. Sans doute la menace fut-elle reportée suite aux vives protestations des banques alimentaires et ONG confrontées au quotidien à la nécessité toujours croissante d’aider des citoyens européens à satisfaire un besoin tout simplement vital : se nourrir. Ouf ! Mais la menace reste.