Un petit jogging avec Karl Marx
L’économie capitaliste de marché, dans sa version mondialisée, maintient les sociétés sous son joug depuis plusieurs dizaines d’années. Son pouvoir tient en deux préceptes : apparente inéluctabilité et omniscience. Autrement dit, cette idéologie affirme que tout, absolument tout, doit devenir marché puis source de profit, ce profit étant ensuite réinjecté sous forme de valeur d’échange (capital) dans un marché qui grossit, crée encore plus de profit et ainsi de suite. Par ce parti-pris délirant, voulant que notre destin ne soit pas de produire pour notre subsistance, mais de produire pour thésauriser sans fin, seule voie vers la prospérité, le capitalisme ouvre à la critique un champ aussi démesuré que ses ambitions, ce que Karl Marx avait déjà compris il y a 150 ans. Adapter la pensée marxienne à des phénomènes contemporains tels que le sport démontre, d’un côté, à quel point cette oeuvre est encore féconde et, de l’autre, le besoin de l’actualiser car elle n’est pas exempte, elle non plus, de parti-pris. Certes daté, le socle bâti par Marx est indispensable pour lancer la lutte sociale, intellectuelle et solidaire qui déboulonnera ce système délétère dont une faiblesse, paradoxalement, est son propre impératif d’universalité. Les angles d’attaque sont nombreux et le temps presse.
François Borel-Hänni est journaliste et Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives. Il est l’auteur de l’essai « La révolte nécessaire ou comment éliminer le capitalisme » et basera le propos de cette conférence sur son article éponyme paru dans le magazine « Sport et vie ».