Faire le point sur… l’Histoire
Qu’est-ce que l’Histoire? Ou plutôt, à quoi peut nous servir l’Histoire? Non pas notre « petite histoire », celle dans laquelle on n’arrête pas de chercher compulsivement toutes sortes de signes qui nous permettraient de deviner l’avenir. L’histoire, ce n’est pas la suite de dates « importantes » qui constituent la « culture générale » chère aux jeux télévisés. Par « histoire », nous désignons les différents processus historiques dont nous sommes, bon gré mal gré, parties prenantes.
L’histoire est souvent invoquée pour faire valoir que « l’histoire sert à apprendre de nos erreurs, à les corriger… ». C’est ainsi que chaque fois qu’une mesure sécuritaire est adoptée par un gouvernement, il se trouve quelqu’un pour affirmer que « ça rappelle les moments les plus sombres de notre histoire ». Comme si la simple affirmation de cette ressemblance était une analyse politique pertinente et un argument définitif. Il faudrait, d’ailleurs, conclure que ce genre d’antiennes n’a ni sens ni objet car ce n’est pas de cette manière que l’histoire nous apprend quelque chose. On dénoncera, au passage, un autre poncif. En l’occurrence, il s’agit d’envisager l’histoire comme une accumulation de savoirs ou de savoir-faire techniques. Cette conception constitue le corollaire de l’idée que les sciences allaient progressivement permettre de maîtriser le monde. L’Occident a imaginé que peu à peu l’accumulation de savoir scientifique allait permettre une connaissance totale et définitive de la nature, des hommes et de la société. Or cette affirmation n’est pas tenable. Voilà pourquoi l’histoire ne peut pas être envisagée comme un progrès linéaire et continu. Or, si l’histoire nous donne l’impression d’une progression, il s’agit avant toute chose d’un effet de perspective. Tout simplement, nous sommes conscients d’une partie des savoirs de notre époque et nous fantasmons sur l’importance de savoirs dont nous ne connaissons pas exactement la portée. De plus, il y a certains types de savoirs, les savoirs techniques aujourd’hui, qui sont particulièrement valorisés à un endroit donné à un moment donné. Les savoirs produits à une certaine époque sont des savoirs considérés comme socialement utiles. Il est dont facile de penser que l’époque à laquelle on vit bénéficie de plus de savoirs utiles que toute autre période historique.