La modération salariale. Une construction d’abord idéologique…
Le banc patronal et les partis de centre-droit occupés à négocier une coalition gouvernementale vont évidemment s’appuyer sur la « loi de 1996 », telle que revisitée en 2015 sous le gouvernement Michel, pour restreindre, au cours de la prochaine législature, les possibilités d’augmentation salariale. En 2021, on se souviendra que le corsetage des salaires avait pris des proportions particulièrement accablantes. L’accord interprofessionnel (AIP) de cette époque n’avait, en effet, laissé que des miettes au monde du travail : 0,4 % d’augmentation maximum, soit 9 euros bruts par mois dans la plupart des fonctions essentielles. A cette époque, le souvenir de la pandémie était encore frais dans la mémoire de la population. Or, cet AIP pénalisait tout particulièrement les salariés qui avaient été en première ligne pendant la pandémie et qui étaient victimes du retour de l’inflation. Classiquement, une telle configuration des rapports de classe aurait dû conduire les travailleurs à sortir dans la rue. C’est pour prévenir la concrétisation de ce genre d’éventualités, fâcheuses, il va sans dire, pour le capital, qu’a été créé le terme de
« modération salariale ».