Le nucléaire iranien et l’avènement d’un monde multipolaire. Quelles implications pour les Européens ?
Les Etats-Unis et l’Iran sont à couteaux tirés depuis la Révolution islamique de 1979. La conclusion à Vienne en juillet 2015 du Plan d’action global commun (PAGC) au sujet de la filière nucléaire iranienne semblait avoir quelque peu atténué les tensions. C’était sans compter sur les liens privilégiés de Donald Trump avec la monarchie saoudienne et le gouvernement israélien. Le magnat républicain n’a cessé de dénoncer ce qui constituait, à ses yeux, le «pire accord jamais conclu» par son pays. La prestation de serment en janvier 2017 du 45ème président des Etats-Unis d’Amérique sonnait donc le glas d’une initiative qui, paradoxalement, n’était en rien un échec. Les accords de Vienne avaient, en effet, été pleinement respectés par le gouvernement iranien. Le blocage est total depuis trois ans. Néanmoins, à l’heure où ces lignes sont écrites (11 juin 2021), les pourparlers entre les Occidentaux et les Iraniens, qui ont repris au mois d’avril de cette année, paraissent susceptibles d’aboutir à un retour au dispositif tel que prévu par le PAGC. Si les négociations actuellement en cours se concrétisent par un retour aux dispositions de l’Accord de Vienne de 2015, on pourra dire que les entreprises européennes auront perdu, en raison précisément de la position de vassalité du Vieux Continent à l’endroit de Washington, une occasion de prendre pied au Moyen-Orient. Les plus grandes entreprises européennes ont témoigné, suite au revirement de Donald Trump, un degré de mépris à l’égard autorités iraniennes qu’elles pourraient être gravement pénalisées à l’avenir. Personne à Téhéran n’est prêt d’oublier comment PSA, Siemens et Total ont, alors que l’encre de certains contrats était à peine sèche, fui leurs responsabilités. Tout espoir pour un redémarrage des relations économiques avec Téhéran n’est cependant pas complètement perdu.