Les Balkans mondiaux
L’Eurasie, le continent eurasien ou euro-asiatique ne sont pas une notion géographique mais bien un concept politique à géométrie variable. L’Eurasie est « le grand échiquier » où, en même temps qu’au « grand Moyen-Orient » et en Amérique latine se joue l’avenir du nouvel ordre mondial. Les Etats-Unis y jouent un rôle prépondérant. Dans les organigrammes et sites Internet d’organisations d’état et de fondations privées américaines, la rubrique « Eurasia » désigne l’espace ex-soviétique. Les Etats-Unis y auraient pour mission d’établir l’ordre et la paix, et d’encadrer la marche au « Marché » et à la « Démocratie ». Cette marche en avant, également nommée « mondialisation », implique le repartage de l’immense espace eurasien « libéré du socialisme », en 1989-91 – repartage des sources de richesse et de pouvoir, impliquant donc la refonte de systèmes et des sociétés . Le rôle moteur joué par les Etats-Unis s’accomplit, notamment, via l’élargissement à l’Est de l’OTAN qui, de son ancienne fonction d’alliance anticommuniste est en train de se métamorphoser en organisation politico-militaire d’encadrement de la mondialisation et, sur le terrain eurasien, de « refoulement » de la Russie comme puissance résiduelle ou renaissante. Des stratégistes aussi différents qu’Henri Kissinger, Zbigniew Brzezinski et Georges Soros – ces deux derniers très actifs dans le soutien aux « révolutions colorées » en Géorgie et en Ukraine- sont d’accord sur ce triple credo: l’Eurasie doit être libérée de l’hégémonisme russe, les Etats-Unis jouent sur ce plan comme dans la mondialisation en général le rôle dirigeant, et l’OTAN reconverti à ses nouvelles fonctions en est l’instrument privilégié. L’Union Europénne est désignée par les mêmes dans un rôle auxiliaire subalterne.