Marx, à mesure-25: La crise économique de 1856-1857
La reprise de ses travaux théoriques dès l’été 1857 n’a pas dispensé Marx de ses obligations en matière de journalisme. Les revenus en provenance du New York Daily Tribune constituent, en effet, les seuls moyens d’existence dont il dispose pour sa famille.
Au cours de ces deux années 1857-1858, ce ne sont pas moins de 117 articles, signés ou publiés comme éditoriaux, qu’Engels et lui feront paraitre dans le quotidien new-yorkais.
Ces articles appartiennent à deux dossiers importants.
Les uns concernent la rébellion des Cipayes en Inde. Ils ont fait l’objet du précédent fascicule.
Les autres concernent la crise économique de 1857. Ils font l’objet du présent fascicule.
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Si d’autres l’ont précédée, comme en 1847, la crise de 1857 a été la première véritable crise économique à la dimension du marché mondial.
L’ampleur internationale de l’évènement établit clairement pour Marx le lien organique entre les révoltes indiennes et l’actualité financière de ces années, entre la violence colonisatrice du capitalisme en voie d’expansion et la pleine diversité de ses pratiques marchandes.
Marx prend non moins toute la mesure des mutations en cours du capitalisme financier sous la forme des sociétés anonymes par actions. Sous l’exemple maintes fois repris dans ses articles du Crédit mobilier des frères Pereire, il observe de près la capacité de ces sociétés par commandite à collecter le capital sur une base de classe élargie au-delà de l’ancienne « aristocratie financière » orléaniste qu’il pointait dans ses analyses de 1848-1850 sur les Luttes de classe en France et dans celles de 1852 sur du 18 brumaire de Louis Bonaparte. La récusation de cette classe conservatrice, arriérée, parasitaire que Marx associait alors au lumpenprolétariat fait désormais place à une analyse attentive des relations entre les sphères industrielle et financière de l’hégémonie bourgeoise.
Ce n’est pas sans raison que le manuscrit des Grundrisse consacrera son premier chapitre à la question de l’argent.
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Le second cahier de ce fascicule apporte une note technique et trois chapitres qui nous ont paru utiles.
Le premier expose et commente les principales réalisations des deux financiers Jules et Isaac Pereire, fondateurs, parmi d’autres sociétés, de la compagnie du Crédit mobilier.
Le second se trouve consacré à la personnalité de Jules Mirès, sans doute la figure la plus pittoresque des spéculateurs du second Empire.
Le troisième propose enfin un bref compte rendu du Manuel du spéculateur à la bourse de Pierre-Joseph Proudhon.