Marx, à mesure- 36: K. Marx et les débuts de la Première Internationale : les années 1864-1866.

La fondation, à Londres, le 28 octobre 1864, de l’Association Internationale des Travailleurs est un
événement majeur.
Un événement majeur et, à vrai dire, plutôt complexe en raison de l’hétérogénéité idéologique des
composantes qui se réunissent, dès le 5 octobre 1864, au sein du premier Comité :
– Ce sont, du côté anglais, comme John Weston, William Cremer et George Odger, des responsables
syndicaux réformistes issus de l’ancien chartisme1

et marqués par des convictions owénistes.

– Ce sont, du côté français, comme Henri Tolain, Louis Varlin, Antoine Limousin et E. Fribourg, des militants
le plus souvent proudhoniens, adversaires de l’action syndicale par la grève et de tout engagement
clairement politique.
– Ce sont, du côté italien, comme Giuseppe Fontana, Luigi Wolff et Domenico Lama, des militants fortement
marqués par les orientations de Giuseppe Mazzini, un mélange de républicanisme, de mysticisme religieux
et surtout d’antisocialisme.
Les Allemands sont certes représentés par Marx, Karl Pfänder et Georg Eccarius, mais ils doivent tenir
compte de l’influence, en Prusse, du lassallisme persistant au sein de l’ADAV.

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Les débats au sein du Conseil central surgiront principalement, au cours de ces premières années, en raison
des divergences entre les délégués parisiens.
Evoquant ces controverses, Marx écrit à Friedrich Bolte, le 23 novembre 1871 : « L’histoire de
l’Internationale a été une lutte incessante du Conseil général contre les sectes et les tentatives d’amateurs
qui essayaient, à rebours du mouvement réel de la classe ouvrière, de s’affirmer à l’intérieur de
l’Internationale même. Cette lutte a été menée dans les congrès mais davantage encore dans les
négociations privées de Conseil général avec les différentes sections. Comme, à Paris, les proudhoniens
(mutualistes) étaient les cofondateurs de l’Association, il était naturel que, pendant les premières années,
ce soit eux qui mènent la barque à Paris. Par la suite, des groupes collectivistes, positiviste, etc., se sont
naturellement formés en oppositions à eux. En Allemagne, c’était la clique Lassalle2
. ».

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Le présent fascicule envisage les années 1864-1866 qui ouvrent la période de constitution de
l’Internationale.
Nous renvoyons pour le détail au premier chapitre qui recense les données chronologiques de ces premières
années.
On retiendra de ces débats la controverse de Marx avec John Weston sur la question des salaires ouvriers.
Elle donnera lieu à une ferme réplique de Marx qui paraitra en 1898 sous le titre de « Salaire, prix et
profit ». Ces pages feront l’objet de notre prochain fascicule.

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Le chapitre 5 des documents contient deux écrits significatifs des controverses qui ont surgi au sein de la
section française. Il s’agit, d’une part, du Manifeste des Soixante, paru, en février 1864, à l’initiative de
1
Sur le chartisme, nous renvoyons aux pages de notre fascicule 11. 2
C11, pp. 355-356.

Henri Tolain, et, d’autre part, de la réponse de P-J Proudhon, publiée, en mars 1864, sous le titre « Aux
ouvriers ».

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Nous avons estimé opportun de joindre à ce fascicule le dernier chapitre concernant les relations
personnelles entre Marx et Ferdinand Lassalle : il couvre les années 1860-1864.