Remontée du cours des matières premières, renouveau de l’esprit de Bandung et affirmation de la Chine comme superpuissance. Les cas de l’Iran, de l’Algérie et de l’Argentine.
D’un point de vue socioéconomique, la sortie de la pandémie se traduit, pour l’heure, par une remontée des cours des matières premières. Ces dernières sont principalement produites au Sud de la planète. Auparavant, une bonne partie du Sud global a dû restreindre son ouverture au commerce mondial pour faire face aux conséquences économiques désastreuses du coronavirus. Ce modus operandi, qui équivalait dans les faits à une déconnexion avec les marchés internationaux de capitaux, constitue une rupture qualitative majeure par rapport aux épisodes de crise qui ont frappé ces pays dans le passé. En effet, jusqu’à présent, la libéralisation du compte de capital et l’ouverture aux investissements directs étrangers servaient de soupape pour faire face aux années de vaches maigres. Les plans de relance aux Etats-Unis et le rapide et vigoureux redéploiement de l’économie chinoise, puisqu’ils tirent les cours des matières premières vers le haut, vont sensiblement améliorer les recettes d’exportation de biens des pays du Sud. Cette manne leur parviendra alors que s’adosser à la Chine pour envisager de nouveaux compromis avec Washington s’avère une option de plus en plus crédible. Au détour, on formulera l’hypothèse que l’esprit de Bandung est peut-être en train de retrouver actuellement une nouvelle vigueur. Cette étude se propose d’analyser comment cette montée en puissance de la Chine offre des options nouvelles et intéressantes à trois pays qui ont choisi, chacun pour des raisons différentes et selon des dynamiques qui leur sont propres, de ne pas s’aligner sur le consensus néolibéral qui prévaut depuis une trentaine d’années dans les relations Nord-Sud.